Une photo qui déclenche les interrogations

Publié le par Sylvie

 

La vallée du Swat a perdu son attrait touristique avec l'arrivée des talibans dans l'été 2007

Dans son édition de ce jour, Ouest France publie l'information que le président pakistanais, Zardari a autorisé la charia, ou en d'autres termes la loi islamique, dans la vallée du Swat demeurée aux mains des talibans, en échange d'un cessez-le-feu. Pour illustrer ce papier, cette photo (en N&B) avec comme légende "les habitants de Mingora, dans la vallée du Swat, célèbrent lundi soir l'instauration de la loi islamique en partageant des sucreries".

Alors évidemment, se produit une espèce de confusion entre texte et images, un amalgame entre ces hommes photographiés et les talibans. Les monstres talibans qu'évoque l'actualité afghane et pakistanaise peuvent-ils avoir, quand ils sont entre eux, ces visages angéliques, souriants, ces attitudes fraternelles, ces gestes délicats et pour nos standards, presqu'ambigus? A part un barbu à gauche, il y a fort à parier que ceux-ci ne sont que des hommes de la population et non des guerriers. Bien que l'expérience de la ve prouve qu'un homme est souvent Doctor Jekyll et Mister Hyde.

L'homosexualité, en tout cas masculine, est condamnée par l'Islam. Mais la séparation des hommes et des femmes entraine aussi curieusement des comportements qu'on imagine mal chez nous dans notre société mixte et toujours bien imprégnée de prédominance masculine, pour ne pas dire de machisme. En l'absence du regard des femmes, les hommes ne sont plus obligés de faire semblant d'être imperméables aux effusions, à la douceur ou à la poésie. On verra dans tel pays musulman des hommes se promener en se tenant par la main, ce qui chez nous prêterait immédiatement à les considérer comme pour le moins efféminés, sinon homosexuels.  La photo est vraiment très belle et on regrette de n'avoir que le nom d'une agence de presse plutôt que celui de l'auteur. L'observation de ce lui qui a la barbe qui regarde avant de goûter, l'expression aux aguets et déjà réjouie du plaisir anticipé de celui qui donne à goûter à son copain, les visages épanouis par de larges sourires an arrière-plan où on devine la bonne humeur générale du moment, l'image contient du raffinement de la peinture de la Renaissance.

Enfin, en cherchant sur Internet, on trouve sur le site de radio-canada un peu plus d'information sur ce sujet raccourci dans Ouest France. L'accord entre Zardari et les talibans de la vallée du Swat aurait été négocié mi-février. Conrairement à ce qui est écrit dans le OF, les talibans ne sont pas très heureux mais considèrent éffectivement cet accord comme une première victoire. Un des chefs talibans déclarait à France 24 que ce qu'ils veulent, c'est que cette règle s'étende à tout le pays et non à la seule vallée du Swat car seule la loi d'Allah peut prévaloir en terre islamique. Un accord de cessez-le-feu donc fragile. Du côté des défenseurs des droit de homme, comme Samina Ahmed,
       un accord qui légalise un Islam radical, sans éducation scolaire pour les filles et avec violence autorisée sur les femmes, est une reddition irrecevable et sans doute une paix illusoire. 

Dans le même temps que la presse publie cet accord, des tribunaux islamiques sont déjà opérationnels dans la vallée du Swat, depuis mars, le gouvernement pakistanais ayant laissé la charge de l'administration aux talibans. Avec quel programme pour les droits élémentaires? De fait, dans cette vallée, les femmes sont réduites à demeurer chez elle sauf à être couverte par la burka et accompagnée. Et fouettée publiquement pour le moindre soupçon de comportement immoral selon la loi islamique sans aucun recours de défense.

Il est difficile de se faire une opinion sur les règles qui régissent l'état d'esprit des Musulmans, modérés ou radicaux, leur contexte d'éducation étant si différent du nôtre, en dehors de tout jugement de valeurs car la solidarité familiale, l'esprit collectif pourraient bien nous inspirer et sans doute bien d'autres aspects. Il est en tout cas certain que nous sommes libres de chercher à nous informer, à voir et entendre les différences et s'ouvrir aux espaces de rencontre entre les cultures. On peut lire sur Internet la presse de tous les pays (http://www.theworldpress.com/presse/pressemonde.htm  site un peu laborieux par l'obligation d'ouvrir de nouvelles fenêtres, mais tout de même intéressant pour mettre en face d'une info  parue dans notre presse nationale (très uninforme quand il s 'agit du monde du fait du système des AFP communes à tous) les versions des pays concernés ou d'autres pays).

Et pour avoir un oeil sur la liberté de la presse dans le monde, visiter le site de reporters sans frontières http://www.rsf.org/rubrique.php3?id_rubrique=19

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S
le photographe s'appelle Rashid Iqbal et si vous êtes curieux de voir où les canards trouvent leurs photos, allez faire un tour sur le site de EPA ou d'autres grandes agences dont vous voyez généralement la signature au coin droit des images
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S
Pour l'agence de presse il s'agit d'EPA
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