L'Histoire porte-t-elle ses fruits pour le courage d'être solidaire?

Publié le par Sylvie

Je n'avais pas quitté la Bretagne pour voir ce qui se vit ailleurs depuis plus de dix ans, renonçant à cet appel par obligations familiales et aussi, je l'avoue, par assoupissement dans la vie provinciale. Et voilà que cette année, j'ai fait deux échappées, très marquantes si très différentes : l'une en avril en Pologne en accompagnant un voyage d'étude de l'AFMA à Auschwitz Birkenau ; l'autre au Maroc à la découverte de la vie des fils de nomades contraints de se sédentariser par nécessité économique. Deux voyages incitant à des méditations diverses autour de notre conception française de la tolérance et du courage nécessaire pour sortir de la facilité de ne pas s'engager.

  







M'interrogeant au retour de Pologne sur quelle position j'aurais eu en temps de guerre face à la persécution des juifs, s'il était possible de savoir, si savoir était déjà comme aujourd'hui une première action à vouloir et construire, j'ai cherché quels crimes contre l'humanité font partie de notre monde contemporain et j'en ai malheureusement trouvé légion, dont la plupart nous laissent indifférents au quotidien. Je me suis 'interrogée alors sur comment cela était possible. Que pouvons-nous faire pour ne pas être dans le nombre de ceux qui par leur silence, leur acceptation tacite de petites ségrégations ordinaires, contribuent à faire le socle de décideurs politiques, économiques déshumanisés?
Sur la photo de gauche, on voit le sourire narquois des kapos nazis devant l'humiliation et la souffrance de cet homme qui se réfugie dans sa dignité intérieure, n'ayant aucune échappatoire. Sur celle de droite, des jeunes venus du monde entier visitent les camps de la mort, pétrifiés sur le potentiel de barbarie qu'ils découvrent à l'aube de leur vie d'adultes. L'art, parfois l'humour, la littérature et l'engagement associatif, polotique tentent partout dans le monde de stimuler des prises de conscience assez fortes pour qu'elles deviennent la toile de fond de nos choix dans la vie. Mais comme il est facile d'oublier ses valeurs éthiques quand on mesure évidemment tout avec un compas dont le centre n'est rien d'autre que nous, notre subjectivité du moment. 
Revenant du Maroc, j'ai assisté à un café philo sur l'Islam et ne pouvait m'enpêcher de penser que nous bâtissons facilement notre opinion sur le bruit dominant, beaucoup en raisonnant, trop souvent sans preuves,  par amalgames caricaturaux. Un brillant psy voulait absolument faire entendre que la liberté se bâtit en s'opposant à la religion, insistait sur la place (enfin l'absence de place) des femmes dans l'Islam. L'histoire de l'Islam exposée ce même jour en préalable au débat montrait pourtant qu'être musulman peut se décliner de bien des manières devant lesquelles notre tolérance et notre sens de la justice ne brilleraient pas forcément par son inteligence humaine. 
D'avoir côtoyé récemment des musulmans, j'ai été touchée par leur génrosité alors qu'ils ont peu, par leur bienveillance pour la vie même si la leur est rude, par le sens de l'hospitalité, par leurs sourires.
L'intégrisme (capitaliste, catholique, machiste, de classes, voire féministe, etc.) est semble-t-il la chose du monde la mieux partagée. Et surtout le moi d'abord qui, il faut bien le dire, a tendance à s'affirmer plus on est nanti. On a beau se donner bonne conscience en faisant quelques beaux gestes. Je sais de quoi je parle puisque j'ai roulé carrosse. Et très honnêtement, ce n'est plus le cas aujourd'ui mais si mon niveau de vie remonte, j'aurais bien tendance moi aussi à penser à me faire plaisir ainsi qu'à mes proches, à capitaliser pour eux plutôt qu'à partager le surplus avec des inconnus.  
A l'heure où la presse parle d'améliorer l'accueil des réfugiés politiques, avant de prendre position, de balayer d'un revers de main, informons-nous un peu. La situation économique s'aggrave pour beaucoup. Faut-il laisser mourrir la moitié du monde pour épargner l'autre? Ou bien faut-il assumer le risque initial de la solidarité pour rééquilibrer la planète? 
Pour en savoir plus sur les réfugiés en France, vous pouvez aller voir sur le lien suivant par exemple,  

http://www.migreurop.org/article36.html

Et pour finir un hommage à artiste magnifique passé à Ploemeur ce samedi dans le cadre de la semaine autour de Martin Luther King, Geoffrey Oryema, lui-même réfugié politique, dont la voix est vraiment celle de la tolérance, sans plainte ni complaisance. Un grand moment de partage d'homme à hommes et femmes.
               

Publié dans solidarité

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